jeudi 28 octobre 2010

Cuba post-pétrole: Si!

        Lorsque j’ai montré mon texte sur le pic pétrolier à Michelle Blais, co- responsable du journal Le Col Blanc , elle m’a demandé ce que sont les  les solutions.
         Il y a le modèle des villes et communautés en transition dont l’article faisait mention. Il y a la décroissance conviviale dont nous parlera Serge Mongeau dans une prochaine parution, l’agriculture viable dont nous entretiendra le physicien Patrick Déry, les solutions individuelles, communautaires et gouvernementales décrites dans les livres de Richard Heinberg, la permaculture, un système de production de nourriture – surtout en milieu urbain- nécessitant peu d’énergie, l’indépendance énergétique . Je diffuserai un entretien sur ce sujet. Normand Mousseau , physicien, a écrit sur le thème de l’Indépendance énergétique du Québec et le Rassemblement national des conseils régionaux de l’environnement fait une consultation nationale en 2010 sur le projet Québec  sans pétrole. Équiterre vient de publier un document s’intitulant : « Pour un Québec libéré du pétrole en 2030 ». Et enfin MCN21 publie son livre Maître chez-nous 21e siècle, pour viser l’indépendance énrgétique au Québec de toute énergie polluante importée ou non. Il n’y a qu’Équiterre qui parle de l’importante question de l’agriculture et un peu, le RNCREQ, par prudence, afin de ne pas faire peur aux gens . On est gras dur en projets.
                Nos voisins d’en d’sous ont aussi quelques beaux projets; je les mentionne  parce qu’Ils ont du sens pour nous,  qui sommes aussi d’Amérique
1,” Carbon Free and Nuclear Free . A Road Map for U.S. Energy Policy,” de Arjun Makhijani.  La doctoresse Hélène Caldicott, qui a fondé l’association des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire «gagnante du Prix Nobel de la Paix), a demandé à M. Makhijani de démontrer que les États-Unis peuvent se passer du pétrole et du nucléaire. Celui-ci a d’abord réagi en disant qu’il ne croyait pas  que c’est possible.  Madame Caldicott a insisté pour qu’il fasse le travail – et lui a fourni un an de salaire pour  qu’il s’y consacre en paix-. Makhijani a trouvé à sa grande surprise que les États-Unis  peuvent se passer de ces drogues.
2. «  A Real New Deal », de Richard Heinberg et un collectif de L’Institut Post-Carbone. C’est une proposition globale, pour une indépendance énergétique amériaine, qui comprend l’agriculture à la différence du livre prédédent ,  et qui s’adresse au Président Obama. Toutefois, c’est 32 ans en retard sur la proposition du Président Carter de 1977, de mettre l’équivalent d’un effort de guerre pour se départir de la dépendance au pétrole. Il avait installé des panneaux solaires sur le toit de la Maison Blanche, que Ronald Reagan s’est empressé d’enlever dès son entrée remarquée , au pouvoir! Ne serait-il pasd’ailleurs intéressant d’installer sur le toit de l’Hôtel de Ville actuellement en rénovations, une éolienne, un panneau solaire, un jardin et une serre pour l’hiver, en tant que symbole de désir de viabilité,  en tant que ville  membre des «  Maires pour la paix » ( il y en a 3000) et des «  Villes pour la protection du climat »?? Lorsque je suivais un cours d’agriculture urbaine d’une semaine, cet été, comme vacances, un professeur conférencier de sociologie pensait que c’est une bonne idée.
                                                                              Et Cuba alors…
                Ce dont je viens de parler appartient justement … aux projets… tandis que Cuba, c’est une expérience en grande partie déjà réalisée avec succès. Le World wildlife Fund considère Cuba comme la nation la mieux éduquéé, la plus en santé et la plus écologique de la planète. La Suède lui a décerné en 1999 le prix Nobel alternatif nommé le Right Livelyhood Award pour son agriculture organique avancée. Ce ne fut pas toujours rosecependant.
                Cette expérience  peut nous servir de modèle compte tenu bien sûr des différences climatiques  et culturelles.  **** Que s’est-il donc passé?***
                Au début de 1990, la dissolution de l’Union Soviétique a cessé livraison de pétrole à Cuba. C’était une crise pétrolière artificielle, donc, avec ses conséquences si importantes qu’un nom a été donné à cette période : la période spéciale en temps de paix. Notre crise sera différente : ce ne sera pas instantané.
                 Du jour au lendemain, il y a eu une réduction de 50% de la quantité de période disponible.   Remarquez qu’il est arrivé la même chose à la Corée du Nord, mais elle a choisi de ne rien changer et elle vit depuis ce temps en crise alimentaire car son système agricole industriel n’est que chimique et basé sur le pétrole.selon un artcle de Yes Magazine. Sa production céréalière a chuté de 50% . Il y a eu des famines et des centaines de milliers de décès par la faim, écrit Tony Boys, dans «  North Korean Food Crisis », 2004.
                Les exportations et les importations ont diminué de 80% et n’ont presque pas augmenté depuis selon les dires d’un représentant de l’embassade Cubaine à Ottawa ,fin octobre.  Il y eu de la famine, les gens ont maigri en moyenne de 20 livres. Il y a eu une recrudescence de cas d’anémie et une augmentation de cas de cécité, entend-on dans le vidéo : «  The Power of Community : How Cuba Survived Peak Oil, disponible chez www.communitysolutions.org
                Quatre centrales productrices d’électricité fonctionnaient au pétrole. Niet électricité sans fuel alors. Plus tard, lors de la Révolution énergétique de 2006, décidée par Fidel Castro, 4000 centrales de génération d’électricité régionales ont été crées.Elles sont  petites, décentralisées,  et nourries  par le solaire et le vent. Une grande efficacité énergétique a été voulue en changeant des lumières ordinaires pour des lumières efficaces en énergie, Les appareils comme les réfrigérateurs, les ventilateurs, les poêles ont été changés. Vingt-huit mille travailleurs sociaux ont parcouru le pays pour aider la population à effectuer ces changements. L’électrification des régions rurales se fait au solaire. Récemment, 2364 écoles primaires ont reçu des panneaux solaires. Le chargé des communications de l’Embassade Cubaine m’a dit que c’est très cher. Je lui ai dit que l’architecte écologiste William McDonough a été engagé par le Chine pour créer environ 8 villes complètement solaires afin de loger 400 millions de Chinois , avec une production de nourriture sur les toits  et la cuisson avec le gaz produit avec les déchets humains. Cet architecte raconte que c’est un cadeau de la Chine à l’Humanité car cette décision fera baisser de beaucoup le prix des panneaux solaires.
                Pour ce qui est du transport, je ne dirai que Cuba a acheté des millions de vélos de la Chine et qu’un moyen de transport public pour 300 personnes a été développé. Pour notre situation, les livres de Normand Mousseau sont explicites.
                                                           ***  La production de nourriture***
                L’exemple Cubain est essentiel pour nous, car son agriculture était, comme le nôtre, industriel et basé sur le pétrole.
                Vers 1993, une équipe australiene de permaculteurs est venu aider. J’ai essayé de savoir à temps pour la tombée de cet article les dessous de cette belle histoire, mais je n’ai pas réussi. La permaculture, c’est de la production de nourriture à petite échelle et avec peu d’énergie. C’est aussi un système agro-écologique systémique, c’est-à-dire global et à multifacettes comme par exemple tenant compte de l’architecture. Ils ont fait un centre de démonstration à la Havane. L’agriculture urbaine a été lancée. De l’agriculture sur les toits, sur les balcons, sur tous les lots vacants, sur d’anciennes places de stationnement au lieu des gazons.  80% de cette production est biologique. Le développement de fertilisants biologiques pour le sols et des bio-pesticides  s’est manifesté à un point tel qu’il y a actuellement de l’exportation.
                Les terres étatiques ont été démembrées et divisées en petits lots pour tout le monde et pour faire de petites coopératives de production et de vente. Sans tracteurs, que faire? Les personnes âgées qui se souvenaient comment faire avancer des équipes de bœufs, ont été engagées pour enseigner aux jeunes. En prime, les sabots de ces petites bêtes n’endommagent pas les sols. Les déchets de ces amimaux contribuent à fertiiser les sols en minéraux.
                La Havane produit actuellement 50% de sa nourriture et les banlieues et villes avoisinantes, à 100%.
                Certaines forces présentes chez le peuple Cubain ont été des atouts :
. l’entraide et la coopération spontanées. Beaucoup de gens qui jardinent donnent de la nourriture aux centres de personnes âgées, à des centres de petite enfance, aux femmes enceintes. Les Cubains sont optimistes. Il y a un partage de moyens de transport. Ici aussi il y a un partage, par exemple dans les jardins collectifs, où un  grand lopin de terre est cultivé par tous les jardiniers qui se partagent les fruits de la récolte. Il y a de l’entraide pour le partage du savoir et parfois une partie des récoltes va à une banque alimentaire.
. L’éducation du peuple est élevé.  Le taux d’alphabétisation est semblable à celui des États-Unis, ce qui aide à la compréhension de l’agriculture biologique, qui est à forte teneur en informations, quoique mes grands-parents faisaient cela sans un niveau d’instruction élevé.( utilisation d’algues, de poissons parfois et de déchets animaux dans la terre, simplicité et recyclage, à Kamouraska et dans le Madawaska.)
. Le système de santé fonctionne bien en permanence, crise ou pas. Il y a un médecin pour 167 personnes, deux fois plus qu’aux États-Unis. Beaucoup plus qu’ici aussi, je présume. Cuba exporte des médecins comme aide humanitaire. Avec 2% de la population, Cuba a 11% des scientistes de l’Amérique Latine. Avec une abondance de fruits et de légumes, la santé s’est accrue. La marche et le vélo ont contribué à augmenter le bien-être physique. La nécessité a enseigné à manger plus de légumes et fruits… mais les Cubains les apprécient maintenant.
                                                               Conclusion :
                Cuba a vécu une crise du pétrole et s’en est sorti. Notre crise sera plus graduelle mais puisque nous ne pouvons savoir exactement quand le manque à venir  nous affectera, nous devrions commencer maintenant à se préparer  car ça prend deux décades au moins pour le faire. Il reste pour Cuba à consolider ses solutions et pour nous, à commencer à penser à peut-être  débuter… Mais ne nous décourageons pas car toute l’action communautaire qui a déjà été faite au Québec est déjà un acquis valide pour le modèle des Villes et Communautés en transition. Profitez de la traduction en français présentée  dans le site : www.villesentransition.net
Claude Saint-Jarre

Références : .  Megan Quinn : Cuba’s Lessons for the World.
                          Yes Magazine: Peak Oil in North Korea and Cuba.
                          Le discours de 2006 de Fidel Castro, dans l’article precédent de Megan Quinn.
                            Le DVD The Power of Community : How Cuba Survived  Peak Oil.       

               
01-2010

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