jeudi 28 octobre 2010

Se nourrir sans pétrole: un défi.

Un élan me pousse à écrire cet article. Deux nouvelles médiatiques ont contribué à créer chez-moi une soupe de sentiments : la tristesse, la colère, l’impatience,, la frustration.  En effet, j’ai appris qu’au Canada, 40% de la nourriture achetée aboutit aux ordures; également  Moisson Montréal annonçait qu’il n’y a plus de nourriture, ou presque.. Ridicule et décourageant, en plain pays d’abondance. Eh oui, un problème d’abondance. On nage en plein paradoxe.
                Si j’y ajoute le fait qu’à cause du type de gestion «  just in time delivery » qu’adoptent nos supermarchés, nous sommes à 9 repas de la famine. Bien sûr, il faudrait des réserves de nourritures nationales , régionales et familiales pour deux ans, mais, outre et en attendant que  cette sagesse soit mise en pratique, nous devons produire mieux notre nourriture, et le faire sans pétrole.       
                Quoi?, me dites-vous? Oui, par ce « nous », je signifie que la proportion  de ceux et celles qui produisent la nourriture doit s’agrandir énormément. De plus,  en disant sans pétrole, j’entends que nous aurions avantage à se départir de notre dépendance à cette drogue dure qu’est le pétrole, avant qu’il nous lâche. Les livres «  Soil not Oil » de Vananda Shiva et « Eating Fossil Fuels » de Allan Pfeiffer, démontrent que nous mangeons littéralement du pétrole, puisque les fertilisants, les herbicides, les pesticides que notre type d’agriculture emploie, sont à base de pétrole. Or, il y a le pic du pétrole que nous aurions atteint selon plusieurs géologues anciennement au service des pétrolières, ou bien qui sera atteint bientôt selon d’autres. Le pic du pétrole, signifie que nous entrons dans la consommation de la deuxième moitié des carburants fossiles disponibles.  Cela veut dire que d’ici trois ans à trente cinq ans- selon les opinions-, nous aurons à notre disponibilité une bien moins grande quantité de pétrole et à un prix beaucoup plus cher , parce que les pays producteurs en gardent pour eux, l’Inde et la Chine en consomment beaucoup plus, et que les gros gisements s’épuisent. Les coûts d’extraction montent en flèche parce que c’est plus difficile. Les livres de Normand Mousseau vous renseigneront là-dessus. Selon le rapport officiel américain Hirsch qui a étudié cette question, elle est très sérieuse. Il faut dix ans et de préférence vingt, pour faire le passage à un autre type d’énergie, pour une société. Alors, c’est maintenant que nous devrions logiquement commencer même s’il y a une certaine incertitude qui flotte.  L’agriculture sans pétrole affaiblit de manière significative le chaos climatique selon  The Rodale Institute. Évidemment, la réduction des gaz à effet de serre en général  l’atténue davantage. Ne mésestimons  et sousestimons pas les conséquences sur nos vies de notre dépendance au hydrocarbures : les tissus, les plastiques, les ordinateurs, le transport, l’agriculture.  Il est bon de s’en libérer une peu ou complètement pour augmenter notre flexibilité.
                Vous savez qu’en Arabie, pour faire du ski dans le désert, il faut 3500 barils de pétrole par jour! «Une grande partie de notre nourriture nous provient par avion et parcourt une  distance d’entre 1500 et 5000 km. Une petite augmentation du prix  du pétrole et la remise en question se fait rapidement et vlan pour notre vulnérabilité.  Vananda Shiva, une physicienne vouée à l’agriculture organique en Indes, nous demande de produire nos légumes ici , parce que les grandes multinationales achètent à petit prix d’immenses superficies de terres indiennes, pour faire pousser nos légumes, au prix d’un déplacement des paysans en ville, où chômage et ittinérance les attendent à leur insu. C’est pour ça qu’elle appuie de mouvement des Villes et communautés en transition, qui  veulent se départir du pétrole, pour augmenter la résilience et affablir les changements climatiques, au moyen d’un plan de descente énergétique. Au Kenya, des gens produisent des fleurs qui se vendent l’après-midi en Europe grâce à l’avion. Une toute petite augmentation du coût du kérosène et ces horticulteurs se retrouvent en chômage, selon l’auteur du livre : « Why Your World is About to Get a Whole Lot Smaller », Jeff Rubin. L’action de production locale de la nourriture est un exemple de relocalisation, expliquée longuement dans le livre «  Manger local », éditions Écosociété, que m’a fait connaître la merveilleuse organisation Aliments d’ici. Lorsq’une société relocalise ses activités, elle augments sa résiience, c’est-à-dire, sa capacité de robondir en cas de catastrophes.
                J’ai une bonne nouvelle qui me fait du bien lorsque je m’en rappelle! : Cuba a vécu artificiellement, de façon abrupte et imprévue une crise de pétrole, dans les années 1990, lors de la dissolution de l’URSS… et a réussi à s’en sortir!  Les gens ont d’abord maigri de 20 livres en moyenne, il y avait plein de rationnement d’électricité et de nourriture. Ces services dépendaient du pétrole.  Par le biais de la malnutrition, il y eu une augmentation des cas de cécités et  d’anémie. Mais des permaculteurs australiens sont venus donner un coup de main. Le Gouvernement a agi, beaucoup de mesures ont été prises. Le site de démonstration de permaculture a engendré des petits. La permaculture est une méthode flexible et multidimensionnelle  de production de nourriture nécessitant peu d’énergie.  Ici, les services communautaires du Montréal urbain, donnent des cours de permaculture. Voir : http://www.montrealpermaculture.org  En 2006, Fidel Castro a déclaré l’année de la Révolution en énergie. Quatre mille centrales de création d’électricité par le solaire et le vent ont été mises sur pieds, petites, décentralisées. Les écoles, les unité familiales, sont solarisées et ont adopté  l’efficacité énergétique. Il faut dire aussi que les Cubains sont solidaires, que le système de santé et d’éducation  fonctionne très bien même en période de crise. Tout cela est expliqué dans le DVD «  The Power of Community.  How Cuba Survived the Peak Oil» traduit en français, que vous pouvez voir à Montréal Post-Carbone. Il y aura justement une rencontre gratuite le 22 novembre sur l’alimentation. Il y aura un cycle de rencontres sur d’autres thèmes, tels le transport, l’habitation, la communauté. C’est à 19 heures, 4067 Boulevard Saint-Laurent chez Main Film. L’adresse courriel : resiliencecycle@gmail.com  Le site : http : //resiliencecycle.ning.com/
               

                La Havane grâce à l’agriculture urbaine, nourrit 50% de sa population. D’autres villes nourrissent 100% des habitants. La Havane pourrait-elle à son tour  contribuer à nourrir Montréal via une Alliance? Moisson Montréal ne devrait-elle pas acheter quelques terres en régions ou à Montréal même pour faire de l’agriculture à plus grande échelle? Pourquoi pas des serres qui récupèrent la chaleur gaspilée d’industries des parcs industriels ne produiraient-elles pas l’hiver? Gandhi disait qu’en plantant un arbre par chacun à chaque année pendant 5 ans, en Indes, il n’y aurait plus de faim en après 5 ans. En permaculture, il y a encouragement à la plantation en ville d’arbres à fruits et à noix, pour les protéine fibres. Ils appartiennent à la communauté qui peut se servir.
                À propos,  quel type d’agriculture voulons –nous? Si vous souhaitez participer à répondre à cette merveilleuse question, le physicien Patrick Déry, aussi agriculteur biologique au Greb (http://www.greb.ca),   vous invite à une journée de réflexion sur ce thème. Il a fait son invitation lors de son allocution  lue à la journée d’information sur les «  Villes en transition » ( vers une époque post-pétrolière) du 7 novembre dernier dont vous pourrez lire un bilan bientôt à villesentransition.net
                Lisons  ces mots très importants de M. Déry : «   Comme vous le savez tous, les crises énergétiques et climatiques modifierons considérablement nos modes de vie. Il va sans dire que l’agriculture sera sûrement le secteur qui sera le plus durement touché. Nous devrons alors trouver des méthodes de production alimentaire viables à long terme.             
             Or, trouver une viabilité , une permanence à notre production alimentaire est beaucoup plus complexe que l’on croit à prime abord. Nous ne pourrons pas revenir à l’ancien temps d’avant la révolution industrielle, où 20 à 30% des terres étaient nécessaires à l»’alimentation des animaux de trait, tout simplement parce que nous sommes sept fois plus nombreux. Même l’agriculture biologique ne pourra se poursuivre dans un monde post-pétrolier de la même façon qu’elle se pratique actuellement. Aussi, nous ne pourrons plus nous permettre de dilapider les ressources essentielles que sont le sol et les matières organiques .Et, il faudra étendre à l’ensemble de la production agricole le concept d’une production alimentaire viable à long terme et non seulement au jardinage.
                Les implications d’une agriculture viable sont si nombreuses et si importantes qu’elles touchent notamment à la façon dont nous aménagerons nos villes et villages autant dans leur dispersion sur le territoire, que dans leur dimension ou leur densité.
                La recherche de la permanence de la production aliimentaire touche tout le monde sans exception. Elle est fondamentale à la poursuite du monde. C’est donc pour cela que nous aimerions organiser, avec ceux qui en ont la possibilité et le désir, une journée de réflexion sur l’avenir de l’agriculture au Québec, dans le contexte des villes en transition. »
               
                J’ai beaucoup aimé le film « La donation », au point de le voir deux fois!  Il est vrai que je suis originaire de l’Abitibi et que je vibrais aux paysages… et certainement au contenu du film .L’ automobile était était omniprésente.L’essence aussi , donc!  Alors, c’est bel et bien à l’Abitibi post-pétrolière qu’il faut penser! Et tant qu’à y être, à Montréal post-pétrole…  À cet égard, le mouvement des villes en transition est positif, flexible et résistant  et l’esprit de célébration pulse.  Le sites francophone villesentransition.net  vous initie à ce modèle,  qui comprend maintenant 250 villes et communautés dans le monde. Elles veulent officiellement se départir du pétrole sans attendre l’exemple des gouvernements en se créant un « plan de descente énergétique », ou si l’on préfère, un plan de transition.   Le premier exemple de ce genre de plan origine de Kinsale en Irlande. Selon Odum, qui a écrit «  A Prosperous Way Down », nous pouvons connaître la prospérité avec moins d’énergie.  Commencez dans votre quartier; il y a des documents qui guident sur les étapes ou les moyens de rassembler des « transitionneux »! Pour l’instant, au Québec, Coaticook, Sutton, Boucherville et bientôt le quartier Villeray se lancent à l’aventure.
                Verra-t-on un film,  avec Élise Guilbault,  sur la transition excitante de l’ère actuelle à une ère basée sur des ressources renouvelables, s’intitulant, par exemple : «  L’éveil? » J’aimerais ça!
Claude Saint-Jarre 450-645-0626
p.s. j’ai fait de la radio communautaire sur le futur positif à Sherbrooke pendant 2 ans, vers 1985, j’ai traduit le document À la croisée des chemins paru dans Idées et Pratiques alternatives ainsi que dans le livre Alternatives d’ici et d’ailleurs; j’écris parfois bénévolement pour le journal syndical Le Col Blanc des employés de la ville de Montréal. Le caroussel du samedi matin m’a interviewé sur ma traduction . ( radio-canada)


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