samedi 25 décembre 2010

Le gaz de schiste: rebondir

Voici une réflexion pour le public, mais que je destine particulièrement au mouvement québécois pour la décroissance conviviale, le mouvement des villes ( et ruralités) en transition, les rendez-vous de l’énergie et le regroupement citoyen mobilisation gaz de schiste.
                Un article, probablement de  la Presse ,   a attiré mon attention en septembre, sans que je le lise, mais celui-ci, http://fr.canoe.ca/infos/environnement/archives/2010/09/20100916-165551.html, dit la même chose : Québec souhaite remplacer le pétrole par le gaz, en 10 ans.
                C’est presque :  sitôt dit, sitôt fait, car nous sommes maintenant placés devant le fait accompli de l’octroi partout au Québec de permis d’exploration et d’exploitation de gaz de schistes, sans que la population ait été consultée et que les municipalités aient un mot à dire.
                Cette semaine, Le Devoir du 15 décembre renchérit : Dans l’article «  Le Québec doit être partenaire des gazières », Bernard Landry se prononce pour le gaz de schiste et pour un moratoire, parce que la manière actuelle de faire est inadéquate en respect de la population et en connaissances pratiques pour bien le faire. De plus, le moment est impertinent parce que le prix du gaz est trop bas. Ce qui m’a surtout étonné, c’est ce qu’il dit plus loin : «  Une des tâches sombres de notre bilan énergétique, c’est que nous brûlons du mazout. On a une chance de changer le mazout pour le gaz. Et au lieu de le faire venir de l’Alberta avec des pertes de 10% sur le transport du gazéoduc, on peut le faire sortir de notre terre sous notre contrôle. ».
                Mais pourquoi au juste importons-nous du gaz de l’Alberta? Qui a décidé, pourquoi? N’avons-nous pas l’électricité? Pourquoi ne pas aussi  chercher une alternative viable à brûler du mazout?
                Je vois une très grosse erreur dans le désir de remplacer le pétrole par le gaz, comme on dit : c’est prendre une décision en confondant la partie pour le tout .  Il s’agit en vérité,  de remplacer du pétrole et non pas le pétrole. Le pétrole est omniprésent dans plusieurs secteurs de la vie de nos sociétés comme l’agriculture, le textile, les plastiques etc. Il y a des erreurs corollaires : la première provient de la prise de conscience bien réelle du déclin des réserves de pétrole, mais il y a absence de conscience du  chaos climatique, qui lui, demande que l’on réduise les gaz à effet de serre, ce que ne fait pas l’exploration et l’exploitation puis la distribution et la consommation des gaz de schistes. C’est comme si on avait écouté  d’avance le rapport Hirsch, que le livre de Rob Hopkins, critique en ceci : bon pour la prise de conscience du pic du pétrole, mais mauvais pour le plan d’action  qui offense davantage le climat et aggrave son instabilité.
                D’où vient cette erreur? À mon avis, de 4 déficiences en stratégies cognitives : le réductionnisme, le manque d’observation, le manque de comparaisons ( comparer le pétrole dans le transport avec le livre Rouler sans pétrole) et ne pas savoir qu’on ne sait pas.
                J’ai une hypothèse : Hydro-Québec a pris conscience du tarissement des réserves de pétrole vers 1995, sous André Caillé. Il y a eu alors, depuis 10 ans,  une atténuation de la visée vers l’électricité et une accentuation de la visée vers le gaz naturel, pour «  faire de l’argent » en croyant remplacer le pétrole. Trois gouvernements se sont succédés, et celui-ci Exécute l’idée de l’Institution transcendante et permanente qu’est Hydro-Québec sans René Lévesque pour la surveiller. Une nouvelle pharmacie à Boucherville, Uniprix, utilise du gaz de Gaz Métro. Pourquoi pas de l’électricité? L’avocat Michel Gilbert, et maire de Saint-Hilaire, me disait à l’INRS  cette semaine qu’il avait l’impression que l’électricité est abandonnée en faveur du gaz…. Le rouleau compresseur, compresse effectivement.
                Le gaz naturel pollue beaucoup plus que le croit Bernard Landry et l’ensemble du point de vue scientifique, sauf celui-ci, de Ruggero Santilli, qui a été candidat au prix Nobel de Chimie et est l’inventeur du magnégaz, dont le déchet de la combustion est de l’oxygène. http://www.magnegas.com/technology.html
                Alors, si l’on veut moins de GES, si l’on veut les respect de la population, si l’on veut conserver nos terres agricoles pour l’agriculture ( sans pétrole), abandonnons la filière gaz de schistes et  réduisons la demande, diversifions plutôt le cocktail des énergies renouvelables,  augmentions l’efficacité énergétique, augmentons le capital social et démocratique, visons la souveraineté alimentaire viable.
                 Mais, pour ce faire, nos devons critiquer le plan d’Hydro-Québec et Gouvernemental,  de «  changer le pétrole pour le gaz », déjà trop bien entamé il faut le dire, et  créer donc un débat , le cadrer adéquatement conceptuellement.
                Sinon, quel sens ont les rendez-vous de l’énergie ou les villes en transition, car tout est  déjà arrangé : laissez-nous faire car nous ne serons plus dépendants du pétrole grâce aux gaz de schistes. C’est peut-être ce que croit erronément le public et qui explique sa présente inaction.
Claude Saint-Jarre 19-12-2010.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire