dimanche 12 décembre 2010

Participation citoyenne à l’exercice budgétaire 2011

              Un projet : Pour le 350 e. de Boucherville :
                                               « Boucherville nourrit Boucherville. »   
Le contexte : Une ville lente, appartenant au réseau «  Cittaslow », parent avec le mouvement Slow food. Un élan de réinvention de la ville avec un regard de transversalité et de transdisciplinarité.
Préambule : «  Autrefois, Boucherville nourrissait Boucherville et même exportait à Montréal » , me disait Madame Carignan, de la Société d’histoire de Boucherville. Aujourd’hui, Boucherville pourrait-elle encore nourrir Boucherville? C’est présentement une utopie et un défi! Au fil des décennies, l’agriculture s’est complexifiée, chimifiée, pétrolifiée au détriment de notre santé, de celle des sols et de notre souveraineté alimentaire, la mondialisation aidant beaucoup aussi en ce sens. En effet, environ 85% de notre nourriture nous provient d’ailleurs, parfois d’une distance variant de 3000 à 5000 km.
                Or, le déclin du pétrole et le chaos climatique changent la donne. Nous aurions avantage à relocaliser notre économie en général et notre agriculture en particulier. De plus, nous devons réinventer une agriculture post-pétrolière et post-OGM, en se reconnectant avec nos savoirs ancestraux trop souvent perdus, avec nos nouveaux savoirs et avec un enthousiasme collectif à susciter.
                Cuba a vécu une crise artificielle de manque de pétrole en 1996, suite à la dissolution de l’Union Soviétique, qui lui fournissait du pétrole en échange de la canne-à-sucre; la livraison du pétrole a cessé du jour au lendemain. Cette période difficile a été nommée la «  période spéciale ». Les Cubains ont maigri de 20 livres en moyenne et de nouvelles maladies reliées à la sous-alimentation sont apparues. Mais Cuba a réagi. D’abord, il y avait depuis 15 ans une école d’agriculture biologique, qui a été mise à contribution,  puis, une équipe de permaculture Australienne est venue à la rescousse pour aider à mettre l’agriculture urbaine sur pieds.
                Aujourd’hui,  la ville de La Havane se nourrit à 80% et d’autres villes, à 100%. Les tracteurs ne fonctionnant plus, les anciens fermiers ont été rappelés pour enseigner la traction animale,  et ont  repris du service. La traction animale aide les sols par le fumier qui y est déversé et par les sabots qui brassent la terre sans l’endommager. Il y même une maîtrise en traction animale à l’Université!  Un autre pays communiste, La Corée, n’a pas pris cette direction et des millions de personnes sont mortes de faim.
                Alors, si Cuba a réussi, nous le pourrons aussi, surtout, tenant compte du fait  que notre descente énergétique appréhendée sera graduelle. En nous préparant d’avance pour s’adapter par anticipation, nous pourrons atteindre notre souveraineté alimentaire. Le rapport américain Hirsh, sur le pic du pétrole, reconnaît la gravité de la situation et pense qu’il faut au moins dix ans de préparations et de préférence 20, pour faire une transition sociétale, au niveau de l’énergie. Cette transition, par ailleurs, doit respecter les impératifs du chaos climatique. Heureusement, un agriculture biologique absorbe du carbone et amenuise le chaos climatique.

Échéancier : 2017, pour le 350e anniversaire de Boucherville.
Objectif : Atteindre la souveraineté alimentaire sur notre territoire.

Moyen : Instituer un périmètre de sécurité alimentaire.

Plan d’action : Créer une politique d’Agriculture urbaine et périurbaine, en s’inspirant            d’une politique similaire en 2010, à Seattle.

Stratégies :
. Créer un comité agroalimentaire bipartite  constituée d’une participation citoyenne et  une participation de la municipalité, élue et à son service,  en relation avec l’agglomération puisqu’elle a la juridiction en agriculture, et donc possiblement avec le comité agroalimentaire du Centre d’information sur l’environnement, de Longueuil.
. Faire une banque de semences à partir de notre histoire agricole répertoriée.
. Reforester, avec des arbres à noix et à fruits, arbustes comestibles; agro-éco-foresterie.
. Développer une agriculture 4 saisons, quand c’est possible avec des serres chauffées au biogaz provenant de la méthanisation ou bien avec les résidus de chaleur de parcs industriels, selon le point de vue de l’écologie industrielle.
. Inventaire de savoirs agricoles ancestraux en collaboration avec la société d’histoire de Boucherville , avec  le musée de La Pocatière qui s’ y consacre… et avec nos grands-mères!
. Exprimer de la gratitude aux agriculteurs et agricultrices locaux , car les philosophies, les religions, les sociétés ne l’ont pas fait. Trop d’agriculteurs, mondialement, se suicident. Sujet tabou. Ce problème se passe ici bien sûr malheureusement.
. Pour notre santé, un club de marche qui se distingue par le fait de discuter un livre en marchant, ce qui stimule le cerveau; qui se distingue aussi par l’observation  de la nature  procuratrice d’aliments  médicaments ou nourriciers, dans les districts, les rues  ou arrière cours. De plus, on pourrait s’inspirer de la manière de voir et d’agir des groupes Hans, japonais qui inspirent aussi les coopératives de santé, comme par exemple celle de Contrecoeur. Les groupes Hans prennent en mains leur santé en s’entraidant et se faisant passer des tests pour évaluer la santé. En cas de problème, un rendez-vous est pris pour examen rapide. Il y a des cartes de rêves : on observe son quartier et on rêve en les notant des moyens d’améliorer ce qui a à l’être. Prendre en mains sa santé,oui, mais pourquoi  pas, aussi, prendre en mains son énergie??!!
. Il faudrait dans cette transition tenir compte de la pauvreté en énergie. De plus, comment la pollinisation se fait –elle, sinon principalement par les abeilles qui , entendons-nous souvent ces temps-ci, ont bien de la misère. Il faudrait leur accorder une petite place en agriculture urbaine…
. Il n’y a que 20 jours de réserves de nourriture sur la terre. Avant, c’était 36 jours. Je propose donc qu’il y ait un an de réserves de nourriture dans chaque famille et régionalement, mais pour une période plus courte; en nourriture sèche.

. Produire un compost urbain de qualité pour fertiliser les sols.
. Faire un portrait de la situation agricole d’ ici : problèmes, potentialités, santé des sols, la propriété des terres agricoles , la disponibilité des terres pour des nouveaux fermiers et fermières,  les cultures  qui poussent , de quelle manière, le commerce, les marchés locaux, le rôle du public.
. Tenir compte des considérations de la médecine sur la santé dans le contexte des changements climatiques et du déclin du pétrole.
. Chiffrer les ressources disponibles et les besoins,  pour «  que Boucherville nourrisse Boucherville ».
. Examiner l’interface Énergie/Nourriture. En ce sens, expérimenter une ferme urbaine visionnaire, en tant qu’application pratique, sur le plan de l’agriculture, du principe général de l’économie circulaire.
. Pratiquement : expérimenter la culture de céréales à petites échelle. Au restaurant St-Hubert, au plafond, il y a une reproduction d’un manuscrit de Pierre Boucher, un homme trop méconnu, me disait aussi Madame Carignan, sur lequel il écrivait que les grains poussaient bien ici. Également, il faudrait produire nos propres Omégas 3 à partir de canola, de lin ou d’autres plantes. ( pourpier etc).. Il faudrait systématiquement capter l’eau de pluie, dans nos maisons mais aussi sur les terres agricoles pour faire des lacs où s’approvisionner en cas de sécheresse. Faire l’expérience d’un jardinier dans votre cour, comme Pierre Domingue le propose ici,  ou comme BKFarmyard le fait à New York en réduisant de beaucoup l’utilisation du pétrole. Il faudrait suivre les progrès des grains pérenniaux du Land Institute. En effet ces grains ne nécessiteront pas de labours; comme les fleurs, ils seront vivaces et enrichieront les sols.
. Offrir  des jardins collectifs; assouplir la réglementation municipale pour que soient possibles des paysagements comestibles privés et publics, esthétiquement aménagés. Offrir du soutien pour la formation en agriculture et jardinage de façon écologiquement responsable.
. Participer à la réflexion sur l’agriculture viable permanente en relation avec l’Institut du Nouveau Monde.
. De la fourche à la fourchette en offrant des opportunités et lieux  de préparation et dégustation communautaire de repas bios et locaux. De plus, penser le champ à l’assiette écogastronomique,  dans un esprit convivial empreint de joie de vivre et de plaisirs du goût éduqué.  Un festival de l’écogastronomie en serait l’épiphanie et si possible également,  sur une base permanente.
. Boucherville, zone libre d’OGM; en effet, leurs risques pour la santé et contre la biodiversité sont bien documentés, surtout par l’Institute of Science in Society.
. Adopter le protocole de la déplétion du pétrole du Post Carbon Institute; ceci facilite la réduction du pétrole, incluant celui incorporé dans l’agriculture; mesurer la diminution des GES associée à l’augmentation de la souveraineté alimentaire. Mesurer l’amélioration de la santé.
. Faire une promotion,  originant de la municipalité,  des bienfaits,  pour notre résilience,  d’une agriculture de proximité et soutenue par la communauté, en marchés de proximité. Une telle agriculture peut se répandre dans des coopératives de conservations, de transformations, d’énergies, en «  manufactures soutenues par la communauté », comme en parle le Post Carbon Institute aussi.
. Penser en termes d’une écorégion à construire, au besoin avec l’aide du concepteur Enmanuel Bailly, collaborateur de la réalisatrice du film Solutions locales pour un désordre global; une écorégion en relations commerciales avec ses voisines au moyen de transports conseillés par le conférencier récent à la bibliothèque municipale, Pierre Langlois, comme la monorail électrique  et l’autobus biberonné et même d’un nouveau-ancien transport fluvial côtier post-pétrolier,  solaire
            Car, vous le constatez avec moi, une autonomie alimentaire collective a avantage à s’accompagner et à se compléter d’un plan à long terme de réduction du pétrole dans l’ensemble de la société et pour toutes les sphères d’activités qui dépendent du pétrole, c’est-à-dire, tout. La baisse de la disponibilité du pétrole associée à une consommation plus élargie à la Chine et à l’Inde ainsi qu’à un accaparement de ce qui reste par les pays du Moyen-Orient producteurs, font qu’il y aura pour nous une descente énergétique sans précédent qu’il faudra gérér par anticipation en co-créant un plan de descente énergétique sur 20 ans et en l’exécutant en coopération. Notre aisance actuelle est en quelque sorte factice parce que basée sur une ressource précaire et non renouvelable que nous pouvons remplacer par des ressources renouvelables précédées, par sagesse  et bonne  science, d’une réduction de la consommation et d’une meilleure utilisation de l’énergie présentement disponible. Cela est tout à fait possible comme les travaux d’ Arjun Markhijani l’ont montré pour l’association des médecins pour la responsabilité sociale, étude commandée par la doctoresse Helen Caldicott. ( Carbon Free , Nuclear Free Energy US Economy)
            Je souhaite bon succès à la souveraineté alimentaire de Boucherville, mais aussi à la souveraineté alimentaire planétaire- dans le cadre conceptuel de l’économie circulaire- ,   car «  penser globalement et agir localement » est encore vrai. Il est cependant aussi vrai, bien que mentionné moins souvent, qu’il est important de penser à soi correctement et avec bieinveillance, avec conscience et supraconscience.  Monsanto pense à nous plus fort que nous ne pensons nous-mêmes à nous- mêmes. Il n’en tient qu’à nous d’exister plus fort et de nous faire du bien… Le philosophe Patrick Viveret nous convie à stimuler l’imaginaire pour inventer un monde nouveau empreint de joie de vivre, où bien sûr, nous nous écoutons les un€s les autres pour se découvrir et s’enrichir de nos différences comme Albert Jacquard nous le suggère.
            C’est la Grâce que je nous souhaite, accompagnée de paix et de quiétude!:)
Claude Saint-Jarre, 17-10-2010.


Références :
-          Livres :
-          Solutions locales pour un désordre global. ( et DVD disponible en novembre)
-          Eating Fossil Fuels.
-          Rouler sans pétrole.
-          Slow food : la malbouffe ne passera pas.
-          Soil, not Oil.
-          L’émergence des Créatifs Culturels Enquête sur les acteurs d’un chamgement de société.
-          Au-delà du bio : la consom’action
-          Médecines et alimentation du futur. ( sous la direction de Philippe Desbrosses et Nathalie Calmé)
-          Vous reprendrez bien un peu de pesticides?, préface de Dominique Belpomme.
-          Manger local, un choix écologique et économique. ( Héléna Norberg-Hodge)

Internet :
Institute of Science in Society : Dream Farm ( traduit en français: Ferme visionnaire.)
Health after Oil
Post Carbon Institute.
Société d’histoire de Boucherville.

Vidéos:
. Solutions locales pour un désordre global
. Le pouvoir de la communauté. ( à Cuba)
. L’histoire de Ladakh.
. Pas de pays sans paysans.

Claude Saint-Jarre, 17-10-10
Membre de :
-          L’Union Paysanne
-          LE RJÉ ( rassemblement des jardiniers écologistes)
-          La coopérative –santé de Contrecoeur.
-          Slow Food Montréal.
-          Le comité agroalimentaire du centre d’informations sur l’environnement de Longueuil ( et bientôt du sous-comité bouchervillois)
-          Membre du CA de CIEL
-          Membre du CA régional des Rendez-vous sur l’énergie.
-          Environnement Nature Boucherville
-          Le mouvement québécois pour la décroissance.


Co-fondateur :
-          Boucherville en transition par l’article : Le pic du pétrole, le chaos climatique et nous, juillet 2009, La Relève.

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