jeudi 29 juillet 2010

Un puzzle pétrocratique


J’ai pensé à une sorte de puzzle que je vais assembler sous vos yeux,  en rassemblant des éléments éparpillés dans quelques banques de données :
1 : Le pic du pétrole, dont j’ai parlé antérieurement dans ce journal.
2 : L’article Sustainable Medicine : An Issue Brief on Medical School Reform.  ( La medicine écologique: une proposition pour la réforme des écoles de médecine.)
3 : La constructin du CHUM.
4 : La déconstruction de l’ancien édifice qui abritait  Vidéotron , par des pelles mécaniques pour faire place au futur CHUM.
5 : Selon François Béland, professeur au Départment d’administration de la santé de l’école de la santé publique à l’Université de Montréal, les services sociaux et de santé absorberont 48% du budget des sevices publics du gouvernement  du Québec. ( Le Devoir, 30 juin, page 6).
6 : Les coopératives de santé privilégient la prévention de la maladie et la promotion de la santé.
               
                Il y a un tarissement des réserves de pétrole. Le pétrole fait partie de notre vie dans toutes les sphères d’activités, dont la médecine, comme en parle  l’article ci-haut mentionné, soit directement, soit indirectement, par imbrication de pétrole dans les objets, les médicaments,  De plus la médecine fait partie de la société et en dépend. L’article propose ni plus ni moins de prendre soin de la santé de la  biosphère  pour que la  santé de l’Humanité puisse continuer.
                La médecine vise quatre buts selon l’article :
-          La prévention de la maladie et des blessures , la promotion et le maintient de la santé.
-          La disparition de la douleur et de la souffrance.
-          Le soin et la guérison des malades, le soin de ceux qui ne peuvent être soignés.
-          L’élimination de la mort prématurée et l’atteinte d’une mort  douce ( peaceful death).
                Or, la médecine a suivi une approche réductionniste : elle ne s’active que presqu’uniquement en soins de la maladie plutôt qu’en prévention et promotion de la santé. De plus, elle diminue l’importance du contexte social et environnemental.
                Les photos qui illustrent l’article montrent plusieurs pelles mécaniques qui s’affairent à déconstruire l’édifice dont l’espace libre sera occupé par une partie du CHUM. On voit bien donc l’investissement en pétrole que requiert la construction d’un hôpital dévolu presqu’entièrement à la guérison de la maladie dans sa mission, plutôt qu`à la prévention de la maladie et à la promotion de la santé . Ces dernières  demandent peu de pétrole et beaucoup plus de ressources immatérielles comme le savoir être par exemple.
                À cet égard, il existe au moins 40 coopératives de santé au Québec.  Plusieurs s’inspirent des groupes Hans, petits groupes japonais qui s’entraident à prendre leur santé en charge. Les membres passent régulièrement des petits examens pour vérifier des indicateurs santé clés, comme par exemple :  la mesure du taux de sucre dans le sang, de la tension artérielle ou du taux de cholestérol.  Si un indicateur indique une anomalie, tout de suite elle est  transmise à la coopérative et un rendez-vous est pris avec un(€) médecin pour examiner le cas afin de détecter certaines pathologies précocement, et agir rapidement  au besoin.
                Cela peut faire économiser beaucoup d’argent au système et faire économiser au membre une attente parfois  coûteuse en santé. Alors, il serait peut-être prudent et sage de diminuer le pourcentage du budget allant à la guérison de la maladie et augmenter la part allant à la prévention de la maladie et à la promotion de la santé. Conserver le pétrole et augmenter le capital santé , deux résultantes d’une double attitude à cultiver : la prise en charge de la santé et la prise en charge de l’énergie, individuellement et collectivement.
                Donc, si le cœur vous en dit, vous pouvez vous impliquer pour l’instauration d’une coopérative santé et faire conséquemment  beaucoup de bien à la société et à vous-même le cas échéant.
Claude Saint-Jarre 07-2010

jeudi 1 juillet 2010

Le pic pétrolier, le chaos climatique et nous

Il y a deux mois environ, lors d’une fin de semaine de sensibilisation sur le thème de l ’ « alimentation locale », organisée par le groupe « Aliments d’ici », j’ai été éveillé au concept du «  pic pétrolier » et  à celui des «  villes en transition » ,  par le biais de la conférence de Serge Mongeau,  portant sur la décroissance conviviale. Serge Mongeau a écrit entre  autres,  le livre « La simplicité volontaire ».
       Nous entendons parler assez souvent des changements climatiques, mais très peu du «  pic pétrolier ». Le pic pétrolier correspond à la fin de la moitié de la quantité disponible selon Colin Campbell , le fondateur de l’association pour l’étude du pic pétrolier.  Voici une définition que j’ai décelée dans un article sur le tarissement du pétrole :   « Le pic pétrolier désigne le maximum historique de production pétrolière, aussi bien pour un gisement , une zone ou un pays , que pour le monde.  Après ce maximum,  les conditions d’exploitation font que ,  bien que les réserves soient abondantes, la production ne fera que décroître. »
                Actuellement, pour un baril de pétrole  découvert, cinq sont consommés. Et la Chine et l’Inde  commencent une consommation de masse  d’automobiles! Il y a encore abondance de pétrole, entendons-nous bien, mais il est de plus en plus difficile et onéreux à extraire. La demande est dorénavant plus grande que l’offre. Tenez-vous le pour dit!
                C’est la consommation du pétrole  et  d’autres carburants fossiles qui sont surtout à l’origine des changements climatiques. C’est pourquoi  il importe de traiter ensemble ces deux problèmes, selon un permaculteur, Rob Hopkins,  qui  fait le premier plan de «  descente énergétique »  pour la ville de Kinsale avec ses étudiants.
                Si on résume : le pic global  de production du pétrole est atteint. Selon le rapport américain  Hirsch, une société a besoin d’au moins dix ans et de préférence vingt, pour effectuer une transition d’une sorte d’énergie à une autre ou des autres.  C’est pourquoi il faut s’y prendre à l’avance. Alors , c ’est  maintenant qu’il faut commencer,  avec lucidité.
                Permettez-moi  ici une citation d’Albert Jacquard, le généticien , provenant de son plus récent livre «  Le compte à rebours a-t-il commencé? »« La façon dont les économistes négligent trop souvent de tenir compte de la finitude de la Terre est significative du comportement de l’Humanité envers elle. Nous avons agi comme si elle était à notre service et inépuisable. Dans de nombreux domaines, la cote d’alerte a été dépassée,  notamment dans l’utilisation des ressources non renouvelables de la Terre, ce qui est le cas des sources d’énergie. gaz, charbon, pétrole par exemple. Un arrêt le plus rapide possible  de la destruction en cours s’impose avec comme objectif de retarder ou même d’éviter leur épuisement. Raisonnablement, nous devons nous contenter,  pour satisfaire nos besoins en énergie, de la seule source inépuisable à vue d’homme, le Soleil, cette merveilleuse centrale nucléaire dont la durée de vie s’exprime en milliards d’années. » p.111

             Il existe un mouvement qui a commencé en Angleterre   et qui a pour but de se préparer à cette descente énergétique, afin  de la planifier  plutôt que de la subir. Le ton est très positif. La démarche s’appuie sur une conscientisation collective, puis  à  la construction d’une vision positive d’un futur post-pétrolier pour la collectivité, à partir de laquelle l’action est planifiée dans les secteurs névralgiques de la production locale de nourriture -en remplacement de celle qui est importée- , du transport, de la santé, de l’éducation, de l’énergie, du tourisme. La grande idée est celle de la résilience. La  résilience se définit  comme suit : c’est la capacité d’un système de s’adapter  et de conserver  les mêmes caractéristiques en se réorganisant malgré les changements provoqués par les chocs ou les perturbations La relocalisation de l’activité écologico-économique  est un outil de la plus haute importance . Décentraliser la production de la nourriture dans la localité protège en cas de défaillances . Le livre «  Manger local » aux éditions écosociété donne une une bonne description de ce phénomène.
                Elisabeth et Howard Odum  écrivent  dans leur livre de 2001 A Prosperous Way Down,   qu’une descente peut s’effectuer de façon prospère, avec enthousiasme,  en  s’attachant à l’ essentiel.  Je viens tout juste de voir dans Internet qu’il y aura une conférence organisée par la société Schumacher à Bristol, Angleterre, en octobre 2009, où Caran Mundy parlera de Transition to a Low Carbon High Well Being Future.( transition vers un futur  à faible émissions de carbone,  et bien-être élevé.) C’est donc enthousiasmant d’entrevoir une possible belle qualité de vie au-delà du pétrole comme principale énergie. Qu’on se souvienne des glissades en traîneau!
                La Suède est le seul pays qui décide de s’affranchir de la dépendance au pétrole, d’ici 2020.
             Les villes de Portland et d’Oakland aux Etats-Unis  ont préparé un plan d’action pour s’en départir.  Au Canada, Hamilton en a fait un. Il y a plus de 176 villes, en Europe, aux Etats-Unis et ici, où les communautés de base ont pris l’initiative de commencer à se préparer  à l’ère post-pétrolière, sans attendre les gouvernements, qui semblent réagir plutôt que diriger. Vous pouvez  jeter un coup d’œil sur plusieurs ressources, à partir du site internet  www.transitionnetwork.org pour vous abreuver d’une richesse d’actions communautaires bien réfléchies et exécutées sereinement..
Et nous….
                Un site internet francophone,  villesentransition.net rend disponible en français  les initiatives dans l’espace francophone. Coaticook et Sutton dans l’Estrie sont déjà de la partie et d’autres s’ajouteront bientôt.
                À la réunion d’Aliments d’ici où les participant(E)s furent invités à parler de projets, j’ai offert de contribuer à  m’occuper de la transition sur la Rive-Sud.
                Si, donc, vous aimeriez participer à une belle transition énergétique dans votre district de Boucherville,   au cours des prochaines années  et que vous aimeriez en parler,   réfléchir,  célébrer,  bâtir une vision, élaborer un plan et l’exécuter, célébrer  encore(!) , veuillez me rejoindre et on commencera! Il y a possibilité de suivre une formation de deux jours pour faire partie de l’équipe de pilotage.
                 Le fait d’avoir une moins grande abondance de pétrole peut être préférable  à   ce qu’est la situation  présente,  pensent  les premiers initiateurs du mouvement  des villes et communautés en transition.  Car, il s’agit aussi de l’ ascension d’autres énergies, d’une ré-énergisation des individus, des communautés et de la culture, à la condition d’appuyer sur les boutons : créativité et imagination! Écoutons-nous les un(e)s les autres pour se découvrir et s’enrichir de nos différences…
Claude Saint-Jarre :     
Références :
Internet :
-Kinsale 2021 An Energy descent action plan. Version.1. 2005
-Villes en transition Coaticook,
-Transition Towns Totnes.
- Aliments d’ici.
- Transition Handbook.
- Institute of Science in Society : Le tarissement  des réserves en pétrole ( 2005).
- Post CarbonCities
- Oil Depletion Protocol.
- Association for the study of peak oil.
Livres :
Heinberg , Richard:Blackout  et sa lettre Museletter dans Internet.
Helena Herberg –Hodge, Manger local, éditions écosociété et Quand le développement crée la pauvreté.
Whitefield Patrick, Graines de permaculture
Jacquard, Albert, Le compte à rebours a-t-il commencé?, Stock.
Collectif dirigé par Serge Mongeau, Objecteurs de croissance. Pour sortir de l’impasse : la décroissance. Ed. Écosociété
Juillet 2009